Le Pape a canonisé 14 bienheureux, lors d’une messe célébrée dimanche 20 octobre, place Saint-Pierre. Parmi eux, la religieuse canadienne Marie-Léonie Paradis, mais aussi les onze martyrs de Damas. Ils avaient été béatifiés il y a près d’un siècle par le Pape Pie XI.

Pour Vatican News, Bernard Heyberger, spécialiste des chrétiens d’Orient, historien arabisant et directeur d’études émérite à l’EHESS. Ce retrace l’ampleur et la portée de ces violences au Levant, il y a déjà 160 ans : Les 11 martyrs de Damas canonisés – Vatican News

Huit Franciscains et trois laïcs maronites ont été assassinés la nuit du 9 au 10 juillet 1860 dans le monastère du quartier chrétien de la capitale syrienne, alors gouvernée par les Ottomans. 6 000 chrétiens périssent à Damas, près de 20 000 dans tout le Liban, après ces massacres perpétrés par les Druzes chiites.

Ce fait historique a déclenché l’expédition française au Liban, a marqué le début de l’exode des chrétiens d’Orient vers l’Europe, mais a aussi recomposé les équilibres religieux d’un Orient compliqué, troublé par les entrelacs confessionnels en politique.

« C’est un signe d’encouragement, non seulement aux maronites, mais à tous les chrétiens d’Orient, pour leur dire que leur martyr est un signe de fidélité à Dieu, à l’Eglise et à leur peuple. Ces martyrs de 1860 peuvent être un exemple pour nous chrétiens d’Orient, qui subissons de nouveau les persécutions, l’émigration et l’expatriation. Nous sommes appelés à être des témoins en vivant les valeurs évangéliques, c’est-à-dire la charité, la fraternité, le pardon, la réconciliation » a confié Monseigneur Mounir Khairallah, évêque maronite de Batroun.

« Ces frères, les frères mineurs et les frères Massabki, ont donné leur sang pour Jésus, non par héroïsme, mais par amour », n’a pas manqué de rappeler le Cardinal Pizzaballa, dans son homélie de la messe d’action de grâce pour leur canonisation, qu’il a célébrée lundi 21 octobre à Rome, dans la basilique Saint-Antoine-de-Padoue.

Et de continuer : « De Gaza au Liban, de la Syrie à l’Irak, de l’Égypte au Soudan, il y a tant de nos frères et sœurs dans la foi qui souffrent chaque jour. Mais à côté de ces tragédies, nous devons aussi nous souvenir de la merveilleuse fidélité au Christ qu’ils savent donner. Nous devons reconnaître la force et la beauté du témoignage de nombreux jeunes chrétiens qui, par exemple, sur les murs des églises détruites par les bombes, il n’y a pas si longtemps, ont voulu écrire : « Mais nous vous pardonnons »». Telle est la manière chrétienne d’être au Proche-Orient », a-t-il poursuivi.

Aujourd’hui encore, la force de la croix peut donc être « lumineuse » et réconfortante : « Nous ne laisserons pas la logique de la violence avoir le dernier mot, ni être la seule voix au Proche-Orient », a martelé le patriarche, avant d’ajouter que « telle est donc la beauté du témoignage chrétien et le sens de sa présence sur ces terres, marquées par la vie de Jésus et baignées à chaque époque par le sang des martyrs chrétiens, la présence lumineuse du Christ : être, par la parole et par l’action, la force de la vie, l’offre de fraternité et d’accueil, le désir du bien pour tous, le courage du pardon ».

Les « Martyrs de Damas » sont désormais saints | Terresainte.net

Cardinal Pizzaballa: les martyrs de Damas sont des exemples de pardon dans la violence – Vatican News