Père Ludovic FRERE en « ancien combattant » des JMJ, souhaite encourager les jeunes de notre diocèse à oser cette expérience exceptionnelle » Comme souvent avec les choses grandes et belles, il est difficile de les décrire : c’est en les vivant que l’on saisit leur force et la joie qu’elles procurent. J’ose donc reprendre les paroles de Jésus à André et à Philippe : « Venez et voyez ! » Ou, selon une autre traduction : « Venez et vous verrez ! » En répondant ainsi à l’appel du Seigneur, on n’est jamais déçu ». Il répond à nos questions :
- Quel souvenir vous vient spontanément à l’esprit quand vous pensez aux JMJ ?
En pensant aux JMJ, me vient spontanément à l’esprit le visage radieux de saint Jean-Paul II : pour ma génération, il fut vraiment le pape des JMJ, l’inventeur de cette proposition géniale : rejoindre les jeunes en conciliant les aspirations au voyage, la vie spirituelle et la joie d’être ensemble. Les JMJ sont pour moi synonymes d’une foi joyeuse, dans une Eglise décontractée et heureuse de témoigner de son espérance. A l’époque des premières JMJ, beaucoup de jeunes comme moi y ont trouvé un véritable élan dans la foi, en constatant qu’on n’était pas chrétien dans son coin et surtout pas jeune chrétien tout seul.
- Citez les JMJ auxquelles vous avez participées et évoquant pour chacune un souvenir
J’ai eu la grâce de participer à six JMJ entre 1991 et 2005.
J’avais 17 ans lors de ma première participation. C’était en Pologne, dans le pays natal du pape Jean-Paul II et un an et demi après la chute du mur de Berlin. Ce contexte historique était marquant, comme une ouverture entre les jeunes d’Europe de l’Ouest et ceux d’Europe de l’Est. Mais c’était aussi l’occasion pour moi de vivre pour la première fois un événement au niveau international, avec une participation dépassant 1,5 millions de personnes à la messe dominicale. Je garde le souvenir de cette foule immense, comme un grand signe d’espérance pour ma foi d’adolescent.
Deux ans plus tard, c’est en tant que jeune discernant l’appel à la vie de prêtre que j’ai participé aux JMJ de Denver, aux Etats-Unis. Je m’y suis rendu avec le Diocèse aux Armées, puisque je faisais alors mon service militaire. L’ambiance était très différente de la Pologne, plus « exotique », mais aussi pour moi avec une maturité différente, me permettant de goûter aux catéchèses comme une activité essentielle des JMJ.
Je n’ai pas participé aux JMJ de 1995, car elles étaient à Manille au mois de Janvier. Mais j’ai été frappé par les images transmises dans les médias, montrant la messe de clôture de ces JMJ : le plus grand rassemblement jamais recensé dans le monde avec 5 millions de personnes (pour les chiffres de participation, on peut se référer aux informations données par la CEF Histoire des JMJ – Eglise catholique en France).
Pour l’édition parisienne des JMJ de 1997, j’étais séminariste, participant à l’accueil de jeunes en région parisienne. J’étais donc un peu de l’autre côté de la « barrière »… mais pour vivre une réelle expérience d’absence de barrière : ni les diversités de langues, ni les différences de cultures n’ont empêché de vivre une fraternité universelle très concrète. J’ai créé de grands liens d’amitié, notamment avec des Polonais logés chez mes parents. Ce qui m’a frappé aussi, c’était le changement de discours des médias français entre un grand scepticisme critique lors des jours précédant les JMJ, et ensuite le constat admiratif de ce qui était vécu, tant en raison du nombre inattendu de participant qu’au niveau de l’ambiance exceptionnelles : on a par exemple rapporté que de nombreux policiers avaient été impressionnés par l’ambiance si paisible, agréable et joyeuse pour un événement rassemblant autant de jeunes.
En l’an 2000, j’ai participé comme séminariste aux JMJ de Rome, profitant de mon expérience d’études romaines en 1996-1998, où j’avais également été formé comme guide touristique. J’ai donc guidé un groupe diocésain, dans cette ambiance de jubilé de l’an 2000 absolument unique : le vif sentiment de passer ensemble une étape de la vie du monde et de l’Église en ce nouveau millénaire.
Je n’ai pas participé aux JMJ de 2002 au Canada, étant occupé par mon ordination presbytérale. En revanche, j’ai vécu comme jeune prêtre les JMJ de Cologne en 2005. J’y étais un peu « chez moi », car je suis né en Allemagne et j’y ai vécu trois fois deux ans. Le nouveau pape Benoît XVI était aussi chez lui, dans son pays d’origine. Beaucoup se demandaient si les JMJ allaient survivre à Jean-Paul II. Dans un style différent de celui du pape-star Jean-Paul II, le pape Benoît XVI s’est présenté aux jeunes comme un sage, venant offrit un enseignement lumineux. A cette occasion, il a vraiment conquis les jeunes.
Arrivé dans le diocèse de Gap-Embrun en 2007, j’ai rapidement été sollicité par Mgr di Falco pour préparer un groupe diocésain en vue des JMJ de Sydney à l’été 2008. Le défi était complexe, car le coût du voyage était important et il fallait tout organiser à distance, mais le diocèse a apporté un très grand soutien. Il s’agissait aussi de former un groupe déjà uni avant de partir ensemble à l’aventure de l’autre côté du globe. Nous avons alors préparé un spectacle, avec rédaction du script, réalisation des décors et proposition du spectacle à Gap et dans le Champsaur… avec un grand succès ! On garde notamment le souvenir de la séquence du combat de boxe entre le père Jean-Michel Bardet et moi, tous les deux déguisés en kangourous…
- Que peuvent apporter les JMJ dans la période que nous vivons ?
A notre époque, il me semble que les JMJ portent une actualité plus grande que jamais : pour des jeunes isolés dans leur foi, c’est une expérience qui peut apporter une magnifique espérance, un élan, une direction. Beaucoup de commentateurs ont présenté les JMJ comme des feux de paille : un éclat de lumière sur le moment, mais plus rien par la suite. Je suis l’un des nombreux exemples que les JMJ ont pu faire jaillir des vocations de prêtres, de consacrés ou de jeunes engagés dans la vie sociale et caritative. Je crois que les JMJ restent, aujourd’hui encore, un lieu privilégié d’éveil à une foi vivante et agissante, mais aussi communautaire, ce qui me semble particulièrement important de nos jours : une foi chrétienne où la vie fraternelle soit vécue concrètement, comme fruit et moyen d’une vie spirituelle profonde et d’un engagement chrétien concret.
- A quelles aspirations les JMJ répondent-elles ?
Il me semble que les JMJ répondent au désir d’une foi chrétienne qui parvienne à couvrir tous les aspects de la vie humaine et des aspirations spirituelles. Comme notre évêque l’a rappelé dans sa récente lettre pastorale, toutes nos activités chrétiennes sont appelées à articuler 5 dimensions de la vie chrétienne (cf. Lettre pastorale de Mgr Xavier Malle du 26 novembre 2022, page 14) : prière, fraternité, formation, service et évangélisation. Les JMJ sont une expérience concrète et joyeuse au cours de laquelle on peut vivre ces 5 dimensions ensemble et saisir comme il est bon qu’il en soit ainsi. Les JMJ m’apparaissent aussi comme une occasion magnifique pour expérimenter un Dieu de miséricorde, dans une foi désirable et une Eglise dont on est heureux – et même fier – d’être l’un de ses membres, quelles que soient les tempêtes qu’elle traverse : la joie d’être ensemble dans la barque de Pierre !
C’est à nous tous d’écrire l’histoire des JMJ de Lisbonne cette année ! Mobilisation générale !
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