Du 10 au 13 mars 2024, 33 prêtres et diacres skieurs sont réunis à Courmayeur, en Italie, pour la 62 ème édition du Challenge Delavay.
Cette compétition européenne réunit chaque année des prêtres, diacres ou pasteurs de l’Arc Alpin dans une station différente en Suisse, Italie ou France !
Le diocèse de Gap-Embrun sera représenté par les pères Jean-Luc Grizolle, Damien de Beaumont et Joseph Aubin. Pensée pour le père André Bernardi qui ne peut pas s’y rendre cette année.
L’histoire du challenge : Alfred Delavay
(D’après les notes de Jean VEYRAT, l’un des cofondateurs du Challenge).
Un jour de l’hiver 1962 (il me semble que c’est cette année là !), Alfred est arrivé chez moi avec cette idée : de nombreux prêtres du diocèse font du ski… Ce serait bien de faire une journée de ski tous ensemble. On pourrait pimenter la rencontre avec une petite compétition amicale. L’idée semblait bonne. Pour concrétiser, nous avons envoyé 80 invitations pour cette première rencontre, aux Gets, avec fondue la veille au soir. Vingt sont venus : soirée et journée agréables. La compétition a été gagnée par Bernard GUYOT (curé à N.D. de Bellecombe).
L’année suivante, la rencontre s’est faite à N.D. de Bellecombe avec la compétition gagnée par Fred. Comme nous avions constaté des différences de niveau importantes, nous avons pris le principe de 2 catégories, avec un classement dans chacune… mais avec cette précision importante : les concurrents de la 2ème catégorie partent d’abord, pendant que la piste est en bon état, ceux de la lère catégorie étant plus aptes à s’accommoder d’une piste un peu abîmée. Le but n’était pas de faire mousser les cracks du ski mais de skier fraternellement, et on appelait cette compétition : « Les Jeux Olympiques du Clergé ».
Parallèlement au ski, nous avions mis sur pied une collective de prêtres en montagne .
1962 : nous étions 8 à la Tour Ronde / 1963 : 17 à l’Aiguille du Tour / 1964 : 30 à l’Aiguille du Moine / 1965 : 17 au Tour Noir par le Col d’Argentière, après le décès de AlFred / 1966 20 au Pic d’Arcine (Oisans) / 1967 : 7 à la Bérangère
C’était l’esprit d’Alfred DELAVAY et des premiers organisateurs de la rencontre qui a continué à se dérouler, chaque année en souvenir de celui qui avait lancé l’idée : une rencontre fraternelle de prêtres skieurs et montagnards.
Mais qui était Al-Fred ?
Il est né aux Gets le 20 avril 1922 en Haute Savoie, d’une famille de montagnards, moniteurs de ski, vivant à la montagne et de la montagne.
Cest là que sa passion pour le ski et la montagne a pris ses racines et s’est développée. Amoureux de la montagne, il était heureux d’en faire partager sa découverte. Aussi était-il capable de refaire souvent la même course parce qu’il la connaissait bien et pouvait y emmener des amis moins chevronnés : combien de fois a-t-il fait la Dent du Requin ?
Physiquement, c’était une force de la nature, jamais malade, skiant par n’importe quel froid en pull, sans anorak, sans bonnet, sans gants… Sa force et son endurance lui permettaient de se sortir des situations les plus difficiles.
Alfred a fait son séminaire à Annecy, a été ordonné prêtre le 31 mai 1947. Il commence son ministère comme vicaire à Manigod, puis en 1953 il est nommé curé d’Hérysur-Ugine et enfin de Chatillon-sur-Cluses en 1957, paroisse à laquelle s’ajoute St Sigis-mond en 1960.
Là, comme dans les différents postes successifs où il œuvre, il se donne à fond à Tapostolat du monde rural dont il était, s’occupant tout particulièrement des jeunes avec la J.A.C. de l’époque. Il a laissé le souvenir d’un prêtre accueillant, toujours porte ouverte, bon et généreux, même s’il lui fallait parfois se faire avoir !
C’est en emmenant un jeune faire la traversée des « Courtes » au dessus du Couvercle à Chamonix qu’il a été victime d’un accident fatal, pour lui et son compagnon, le 18 septembre 1965.
Pour sa famille et pour tous ceux qui le connaissaient, Alfred est parti trop tôt, alors qu’il aurait pu encore servir de nombreuses années.
Mais grâce à lui, une centaine de prêtres et pasteurs francophones du Jura et des Alpes (France, Italie, Suisse) et autres lieux se retrouvent chaque année, perpétuant sa mémoire.
Que le challenge qui porte son nom garde toujours l’esprit de ses débuts.
Lucien RAMEL
Commentaires récents