Fin de vie : après la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République, la SFAP sonne la remobilisation autour des soins palliatifs. L’arrêt brutal de l’examen du projet de loi sur l’aide à mourir a été accueilli avec soulagement par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). Le 30e congrès réuni à Poitiers du 12 au 14 juin a été l’occasion de fixer les priorités pour demain.

Découvrez ce reportage d’Antoine d’Abbundo, envoyé spécial du journal La Croix à Poitiers

Dans la conférence de presse qu’il a tenue mercredi 12 juin à l’Élysée, Emmanuel Macron a précisé qu’il souhaitait que certains projets de réforme mis à l’arrêt par la dissolution de l’Assemblée nationale « puissent être repris » après les législatives.

Cela aurait pu être le congrès du dépit, ce sera finalement celui du répit et de la remobilisation générale. Dans les travées du centre des congrès du Futuroscope de Poitiers, le soulagement et l’enthousiasme retrouvé étaient palpables, jeudi 13 juin, parmi les quelque 2 600 participants – médecins, infirmiers, aides-soignants et bénévoles d’accompagnement – venus assister au rassemblement annuel de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP).

« Il y a quatre jours encore, le projet de loi ouvrant l’accès à l’aide à mourir était sur les rails pour être voté en première lecture à l’Assemblée nationale. Jusqu’à l’annonce par le président Macron de la dissolution qui a stoppé net ce processus qui nous inquiétait tant. Alors, oui, nous, soignants, sommes soulagés de cet abandon du texte qui va permettre de reprendre un peu de souffle et de repartir sur de nouvelles bases », résume Laurent Montaz, chef du service de soins palliatifs du CHU de Poitiers et l’un des copilotes de l’organisation de cette 30e édition.

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Méconnus, avec une image qui lui colle à la peau de tristesse et de mort, les soins palliatifs sont beaucoup d’autres choses: humanité, délicatesse, dévouement, temps permis, échange. Il nous dit avant tout  » Tant qu’il y a de la vie, y’a de la vie « 

L’euthanasie, un sujet fédérateur ?

Les nouvelles bases, Claire Fourcade, médecin palliatif à Narbonne et présidente de la SFAP, va en poser les premières pierres quelques minutes plus tard, lors de l’Assemblée plénière, dans un discours prononcé devant un amphithéâtre archicomble.

« Déjà, des voix tentent de nous faire croire que la priorité des Français serait de remettre ce projet de loi au cœur de la législature à venir, à tout prix et sans délai. Mais l’une des premières priorités exprimées par les Français, c’est la question du soin. De l’hôpital qui ferme, de la difficulté de trouver un médecin, du scandale d’être mal accompagné. Dans le chaos actuel, nous appelons les futures parlementaires à la décence et à la raison. Nous devons améliorer le soin et le rendre disponible pour tous, partout. La priorité politique est ici et pas ailleurs », lâche-t-elle sous les applaudissements.

Ces « voix » que Claire Fourcade ne nommera pas explicitement, ce sont évidemment celles des militants de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), fer de lance du combat pour la légalisation de l’euthanasie depuis quarante ans, qui a dénoncé, avec l’abandon du projet de loi, « un immense gâchis »« Nous allons interpeller les chefs de parti pour qu’ils puissent se positionner de façon claire sur leur engagement à poursuivre les discussions », a d’ailleurs aussitôt prévenu son président Jonathan Denis.

Mais l’allusion peut aussi concerner le président Macron lui-même. Dans la conférence de presse qu’il a tenue mercredi 12 juin à l’Élysée, celui-ci a ainsi précisé qu’il souhaitait que certains projets de réforme mis à l’arrêt par la dissolution de l’Assemblée nationale « puissent être repris » après les législatives. « Je pense en particulier que, pour beaucoup de nos compatriotes, le projet de loi fin de vie était attendu », a-t-il ajouté. « Ce serait d’une tristesse infinie qu’on n’ait rien d’autre à proposer comme sujet fédérateur que l’euthanasie », prévient déjà Claire Fourcade.

Quel sort pour la stratégie décennale des soins palliatifs ?

Si l’hypothèse d’une reprise du projet de loi lui paraît peu probable, le docteur Paul Antoine Quesnel, médecin palliatif au CHU de Limoges, se préoccupe surtout du sort qui sera réservé à la stratégie décennale de développement des soins palliatifs qui devait l’accompagner. « Si l’on écoute les responsables politiques de tous bords, le sujet fait consensus. Mais y aura-t-il demain une volonté politique pour mettre en œuvre l’organisation et le financement que nécessite ce plan ? », s’inquiète-t-il.

Catherine Vautrin, la ministre du travail, de la santé et des solidarités en charge du dossier aurait donné sur ce point des assurances, précisant que 80 % de ce plan qui ne dépend pas de la loi ne bougerait pas. Mais sera-t-elle encore en fonction dans trois semaines ? « La vraie bataille pour les soins palliatifs aura lieu en octobre lors des discussions autour du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Nous verrons alors si l’engagement pris par la majorité d’aujourd’hui d’augmenter l’enveloppe de 100 millions d’euros supplémentaires par an est tenu par la majorité de demain », tranche Claire Fourcade.

Voilà pour le court terme. « À plus longue vue, il nous reste tout un travail de réflexion à conduire pour mieux informer le grand public sur les droits actuels des patients, sur les réalités des soins palliatifs qui ont encore trop souvent une mauvaise image, à le convaincre que le cœur de notre métier, de notre mission, c’est prendre soin jusqu’au bout de la vie, dans la dignité, insiste le docteur Montaz. Un mot qu’on ne doit plus se laisser voler. »

Plus de ressources :

Fin de vie : soulagement dans les soins palliatifs (lejdd.fr)

Dissolution de l’Assemblée : le projet de loi fin de vie stoppé net (la-croix.com)

« Tous ces débats réduits à néant » : le projet de loi sur la fin de vie victime de la dissolution de l’Assemblée nationale (francetvinfo.fr)

Société Française des Soins Palliatifs – Accueil

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