11 octobre 2023 – Brève présentation de l’Exhortation apostolique Laudate Deum du Pape François, 4 octobre 2023 en la fête de Saint François d’Assise
Après Laudato Si’ (2015) et Fratelli tutti (2020) l’exhortation apostolique que le Pape François publie Laudate Deum (Louez Dieu) le jour de la Saint François d’Assise et fête de la création s’intéresse essentiellement à la crise climatique. Il s’agit de sa troisième publication autour de la question de l’écologie intégrale.
Beaucoup plus court que les deux précédents, Laudate Deum se décline en six petits chapitres :
1. La crise climatique globale
2. Davantage de paradigme technocratique
3. La faiblesse de la politique internationale
4. Les conférences sur le climat : progrès et échecs
5. Que peut-on espérer de la COP28 de Dubaï ?
6. Les motivations spirituellesA l’instar de Laudato si’, François ouvre son exhortation par une louange au Dieu créateur et en particulier par l’émerveillement du Christ devant les oiseaux et les lys des champs (Mt 6, 28-29). On ne protège bien que ce que l’on aime vraiment.
Les cinq premiers chapitres portent sur une analyse de la crise climatique et les différentes approches pour la résoudre. Il est clair que le Pape fait siennes les analyses et les conclusions du GIEC en s’appuyant sur de nombreuses données chiffrées. Il n’hésite pas non plus à réfuter les opinions minoritaires des climato-sceptiques que l’on trouve aussi dans l’Eglise catholique.
Déjà évoqué dans Laudato si’, le Saint-Père revient abondamment sur le « paradigme technocratique » qui représente à ses yeux la cause principale de la course folle vers le réchauffement climatique. Paradigme qui consiste à penser « comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même » (20). Avec un certain sens de l’ironie, François n’hésite pas à critiquer le pouvoir livré à lui-même : « Il suffit de penser aux technologies ‘’admirables’’ qui ont été utilisées pour décimer les populations, lancer des bombes atomiques, anéantir des groupes ethniques » (24). On retrouve là un écho du « cogito blessé » décrit par Paul Ricoeur après les horreurs de la seconde guerre mondiale. Un premier chemin pour sortir de l’usage démesuré que l’homme a acquis sur son environnement et de l’aider à retrouver son lien harmonieux avec la nature
dont il fait partie (27). Seul « l’aiguillon de l’éthique » lui permettra de retrouver une vision à long terme. La politique internationale demeure aux yeux de François un lieu indispensable pour affronter ce défi majeur. Dans ce contexte, il privilégie les institutions internationales et le multilatéralisme.
Le quatrième chapitre reprend l’historique des différentes COP sur la crise climatique. Mais il reste dubitatif sur leurs résultats : « Les accords n’ont été que peu mis en oeuvre parce qu’aucun mécanisme adéquat de contrôle, de révision périodique et de sanction en cas de manquement n’a été établi » (52).
La cinquième partie se concentre sur la prochaine COP 28 qui aura lieu à Dubaï. Il est assez étonnant de voir le Pape essayer de peser sur les prochaines négociations sur le climat. Ses arguments sont connus : lutter contre le réchauffement climatique coûte cher mais ne pas le faire sera encore plus douloureux pour nos finances (57). Croire que la science pourra tout résoudre relève selon lui d’un « pragmatisme homicide » (57). De manière plus positive, il invite à penser à ceux et celles auxquelles nous tenons le plus, nos enfants (58). Il faut espérer que ce sera un moteur supplémentaire pour motiver les négociateurs à sortir du « bricolage ».
Pour conclure, il s’agit pour François de ne pas renoncer à l’espérance et de la fonder sur sa foi en Dieu. Car si « tout est lié », le pire serait de se couper du lien avec Dieu voire de prendre sa place : « ‘’Louez Dieu’’ est le nom de cette lettre. Parce qu’un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même » (73)
Mgr Bruno Feillet, Evêque de Séez
Président du Conseil Famille et Société
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