L’homme peut-il être le maître de la vie ?. Peut-il porter une décision pour la fin d’une vie humaine quelconque ? La réponse qui s’impose à toutes ces interrogations est « Non ». On aimerait peut-être répondre à toutes ces questions avec un ton plus soft et avec toutes sortes de précautions oratoires qui adouciraient l’annonces de ces vérités lorsqu’elles risquent de choquer. Car les balises qui bordent « l’art d’aimer » explicitent simplement l’interdit du meurtre inscrit dans la conscience de tout homme et la nécessité de l’engagement de tout homme à promouvoir le respect de la vie jusque dans sa phase finale.
Comment définir l’euthanasie ?. C’est l’acte que l’on pose dans le but de donner la mort ; la mort est l’effet direct de l’euthanasie et la fin de la souffrance étant la conséquence de la mort. Par euthanasie au sens strict : « on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer toute douleur » (cf. Jean Paul II, Encyclique Evangelium Vitae, n° 65). Loin donc d’affirmer, comme le fait notre société, par des mots vides de sens tout en voulant justifier cette pratique, que l’euthanasie est « une bonne mort », « une bonne aide » ; elle reste en réalité une fausse pitié et comme le renchérit le pape Jean Paul II « une inquiétante perversion de la pitié : en effet, la vraie compassion rend solidaire de la souffrance d’autrui, mais elle ne supprime pas celui dont on ne peut supporter la souffrance » (Evangelium Vitae, n°66).
Essayons maintenant d’établir un syllogisme apodictique ou démonstratif : si la médecine est définie comme étant « l’art de guérir », la vocation sine qua non du médecin est d’apporter la guérison et non pas de tuer ; c’est ce qui traduit bien le serment d’Hippocrate prêté par le personnel soignant : « médecins, pharmaciens, infirmiers et infirmières, personnel de la santé dans son ensemble ainsi que les bénévoles sont appelés à être une image vivante du Christ et de son Eglise dans leur amour envers les malades et les souffrants, témoins de l’évangile de la vie » (cf. Conseil Pontifical Pour La Pastorale Des Services De La Santé, Charte des personnels de la santé, 5).
Il est donc important de toujours affirmer la dignité inaliénable de toute personne et d’encourager de plus bel l’accompagnement des malades. On ne tuera pas la vie affaiblie d’un être humain ; voilà le fondement de toute convivialité sociale et le « principe de fraternité », selon l’expression de Mgr Pierre d’Ornellas, qui nous invite à la plus grande considération du plus faible.
Somme toute, la souffrance demeure pour l’Eglise un mal et une épreuve et quand quelqu’un se trouve en fin de vie, il faut donc tout faire pour aider, accompagner, tenir la main, se rendre solidaire et soutenir dans l’épreuve le malade. Et comme le dit bien Bernard HÄRING « tout homme est invité à respecter et protéger la vie corporelle des autres, refusant tout meurtre, y compris celui de l’enfant innocent dans l’avortement, y compris celui qui prend le visage de la pitié : l’euthanasie ». (cf. Bernard HÄRING, La loi du Christ, T.III, éd. Desclée et Cie, p.361)
Père Stive Milongo, curé de Chorges, licence canonique en Bioéthique.
Pour aller plus loin :
Projet de loi sur la fin de vie – Diocèse de Gap-Embrun (diocesedegap.fr)
Si vous souhaitez vous former (formation payante : 49€ proposée par la plateforme e-théo) :
Fin de vie : pourquoi ça fait débat ! – e-théo (etheo-mooc.fr)
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